Où étais-je à cette heure là ? Dans un des seuls bars de la ville qui étaient ouverts à une heure de l'après midi. Accoudé au bar, je buvais tranquillement une bière pour commencer, et me demandais ce que j'allais faire du reste de ma journée. Il était inutile de dire que je n'allais pas me rendre à l'université parce qu'il n'y avait pas de cours aujourd'hui, et que de toute façon, je n'étais pas en état. Pour une raison que j'ignorais, ces temps-ci, mes notes avaient beaucoup chuté et je n'étais pas aussi sérieux qu'auparavant; Peut-être parce que j'étais bourré la majorité du temps et que de ce fait, je n'étais plus à même de faire grand chose ? En tout cas, cela ne me dérangeait pas outre mesure et je faisais comme si de rien n'était, comme d'habitude. Mes amis, mes rares amis, me disaient qu'il fallait que j'arrête avec mes habitudes de soulard mais je ne pouvais m'y résoudre. L'alcool était le seul moyen que j'avais trouvé pour noyer et oublier ma tristesse, alors qu'il y avait bien des moyens plus efficaces de le faire, comme de la combattre à la source. Pourquoi étais-je misérable ? Parce que je n'avais pas Lou. Et pourquoi je n'avais pas Lou ? Parce que je buvais de l'alcool. Pourquoi je buvais de l'alcool ? Parce que j'étais misérable. Et c'était un cercle vicieux.

Une jeune femme entra dans le bar, et je me demandais si ce n'était pas l'occasion pour moi d'oublier un peu l'alcool et de me remettre sur le cheval de course, seulement, j'avais trop la flemme pour faire quoi que ce soit. A la place, je me morfondais auprès du barman qui semblait sérieusement ne avoir marre de mes histoires de cœur, et réalisais soudain quelque chose. Je n'avais pas à avoir l'alcool comme seul compagnon aujourd'hui. Je voulais Lou, alors pourquoi pas tout faire pour l'avoir ? Il fallait que je la voie. Je savais où était son appartement, je ne savais pas si elle y était mais ce que je pouvais faire au moins, c'était essayer. Je me relevais, juste un peu pompette, trébuchais et m'écrasais au sol. Quelques rires retentirent et avec fierté, je me relevais, prenais ma veste et me dirigeais vers l'extérieur. J'allais leur montrer de qui on ne se moquait pas, d'un garçon qui allait chercher l'amour de sa vie sans dague ou lance.

Il me fallut peu de temps pour arriver à son appartement, ou beaucoup à vrai dire je n'avais pas de montre et je n'aurais pu dire si cela avait pris du temps ou pas, Je montais les marches deux par deux en courant, à cause de l'excitation, et me retrouvais devant sa porte. Que faire ? Sonner ? Rentrer ? Frapper ? L'appeler ? Et si elle me refermait la porte au nez en me voyant ? Je lui avais fait tellement de peine à cause de cet alcool de malheur, peut-être qu'elle sentirait mon haleine et que .. Non. Il fallait que j'arrête d'être pessimiste et que je me donne les moyens d'avoir ce que je voulais. En l'occurrence, elle. Alors, je frappais à la porte lentement et attendais qu'elle vienne m'ouvrir. Je retenais mon souffle comme si je jouais ma vie à cet instant. C'était le moment.